Témoignage d'étudiant·es : étudier avec un handicap invisible

Publié le :
27
nov. 2024
Les handicaps invisibles englobent les troubles physiques et psychiques qui ne sont pas immédiatement perceptibles à l'œil nu, comme les maladies mentales ou chroniques. Ils affectent profondément la vie quotidienne des personnes qui en souffrent, sont souvent mal comprises ou sous-estimées par la société. Nous avons rencontré deux étudiant·es qui partagent leur quotidien.
Les deux étudiant·es ont souhaité rester anonyme.
Handicap invisible lié à un trouble psychique
La bipolarité, comme d'autres troubles psychiques, est un handicap invisible qui impacte profondément la vie quotidienne des personnes concernées. À l'université, ce type de handicap peut rendre les études encore plus difficiles si les étudiant·es n'ont pas accès à un soutien adéquat. À travers le témoignage d'un jeune étudiant·es de 26 ans, qui partage son expérience de la bipolarité et de l'accompagnement à l'Université Évry Paris-Saclay, il devient évident qu'avec les bons aménagements et une reconnaissance de la part des institutions, il est possible de réaliser ses études tout en étant soutenu.
Après l’obtention d’un bac scientifique en 2016, il s’oriente vers la PACES, rêvant de devenir sage-femme. Mais dès les premières semaines, la pression et un mal-être grandissant le poussent à abandonner. « J’ai essayé de continuer, mais j’ai décroché dès les vacances de décembre », raconte-t-il. Ce premier échec marque le début d’une période chaotique où il enchaîne des formations variées, tout en alternant avec des emplois.
Ce parcours, déjà complexe, est aggravé par l’émergence de sa maladie, qui reste alors sans nom. « Je prenais des décisions impulsives, je changeais constamment de direction, et je ne comprenais pas pourquoi. » Ces symptômes de bipolarité — alternance de phases d’hypomanie, marquées par une énergie débordante, et de dépression paralysante — compliquent sa capacité à suivre des études.
Un diagnostic nécessaire pour avancer :
Diagnostiqué bipolaire en 2023, après cinq ans de souffrance, dix hospitalisations et des échecs scolaires, il décrit le diagnostic comme un tournant. « Sans diagnostic, c’était impossible d’avancer. Je ne comprenais pas ce qui m’arrivait. » La bipolarité, bien qu’invisible, influence profondément son quotidien et ses relations dans sa vie quotidienne.
Le manque de reconnaissance de ce trouble comme un handicap a longtemps aggravé sa situation. « Les employeurs ou les enseignants ne voient pas les phases de dépression ou d’hypomanie. Ils interprètent cela comme de l’instabilité ou du manque de sérieux. » Aujourd’hui, grâce au diagnostic, il peut solliciter des aménagements spécifiques, mais ce processus reste souvent méconnu des étudiant·es eux-mêmes.
Son témoignage met en lumière un enjeu majeur des universités : la reconnaissance des handicaps invisibles comme la bipolarité. Si les troubles moteurs ou sensoriels reçoivent souvent un accompagnement spécifique, les troubles psychiques restent encore sous-évalués. Beaucoup d’étudiant·es hésitent à demander des aménagements par peur d’être stigmatisés ou incompris.
Pour lui, le soutien familial a été décisif, tout comme la capacité de l’université à proposer un cadre flexible. Mais il insiste : « Il faut mieux informer sur les handicaps invisibles et former les enseignants pour qu’ils soient plus attentifs à ces réalités. On peut réussir, mais il faut être compris et soutenu. »
L'accompagnement par l'université :
L’université propose une série d’accompagnements pour répondre aux besoins particuliers des étudiant·es en situation de handicap qui inclue notamment le handicap invisible. Plusieurs aménagements d'étude ou d'examen peuvent être mis en place en fonction de la situation rencontrée et sous réserve de l'avis du médecin. Parmi ces aménagements, il peut par exemple être proposé un temps majoré, une aide technique ou humaine, ou même des aménagements plus spécifiques. À l'Université Évry Paris-Saclay, il est également possible d'obtenir une L1 en deux ans, et d'accéder au parking ou aux ascenceurs en cas de besoin.
De plus des professionnels de santé sont présents pour les étudiant·es tout au long de l'année.